En France, la gestion des données sensibles est régie par des niveaux de classification, parmi lesquels figurent la diffusion restreinte et le secret défense. Ces mentions visent à protéger les informations critiques face aux cybermenaces, tant dans les secteurs civils que militaires. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur ces deux niveaux de classification, les enjeux de sécurité qui y sont liés, et les mesures de protection associées.
La diffusion restreinte1 désigne un niveau de protection appliqué aux informations sensibles qui nécessitent des mesures de sécurité spécifiques pour éviter leur divulgation non autorisée. Contrairement aux informations classées secret défense, les données portant la mention diffusion restreinte ne mettent pas en danger la défense nationale. Toutefois, leur exposition pourrait porter atteinte aux intérêts stratégiques, économiques ou opérationnels d'une organisation, ou compromettre la confidentialité de certaines informations sensibles.
La diffusion restreinte impose plusieurs mécanismes de sécurité :
Au niveau européen, la mention "EU Restricted" désigne des informations nécessitant des protections similaires. Pour l’OTAN, l’étiquette "NATO Restricted" assure que les informations sensibles partagées entre les États membres bénéficient d’une protection adéquate et respectent les engagements de sécurité collective.
Les informations classées en diffusion restreinte englobent une variété de données sensibles, parmi lesquelles :
De nombreuses organisations, tant privées que publiques, sont amenées à manipuler des données en diffusion restreinte :
Ces entités sont responsables de la mise en œuvre de mesures de sécurité adéquates pour protéger les données classées en diffusion restreinte. Cela implique la création de politiques internes de sécurité de l'information, la réalisation d'audits réguliers pour évaluer l'efficacité de ces politiques, et la sensibilisation continue des collaborateurs aux bonnes pratiques en matière de sécurité.
Le secret défense2 est un niveau de classification destiné à protéger des informations d'une sensibilité extrême, dont la divulgation pourrait compromettre la sécurité nationale, les opérations militaires, ou la souveraineté d'un État. En France, le cadre juridique qui régit cette classification est établi par le Code de la défense. Ce dernier définit non seulement les types d'informations concernées, mais aussi les mécanismes et les outils de sécurité associés.
Le secret défense est structuré autour de trois niveaux de classification :
Chaque niveau de classification impose des exigences strictes, avec notamment :
Les informations classées secret défense englobent un large éventail de données stratégiques, parmi lesquelles :
L'accès aux informations classées secret défense est régi par des réglementations strictes et nécessite une habilitation spécifique. Cette dernière peut être attribuée à différents niveaux, allant de "Confidentiel défense" à "Très secret défense". Le processus d'obtention d'une habilitation est complexe et comprend plusieurs étapes :
Par ailleurs, les détenteurs d'une habilitation secret défense ont des responsabilités en matière de sécurité. Ils doivent suivre des protocoles rigoureux pour la gestion des informations sensibles, mais aussi garantir la confidentialité des données auxquelles ils ont accès, et signaler tout incident de sécurité ou toute tentative d'accès non autorisé. Les professions qui accèdent généralement à ces informations sensibles incluent :
La diffusion restreinte concerne des données sensibles mais non vitales pour la sécurité nationale. Par exemple, des informations financières internes peuvent être classées en diffusion restreinte. En revanche, le secret défense englobe des données critiques pour la défense et la souveraineté de l'État, comme les plans d'opération militaire, dont la divulgation pourrait compromettre la sécurité nationale.
Les niveaux de sécurité associés à la diffusion restreinte et au secret défense se distinguent principalement par la nature des accès et les exigences en matière de protection.
Pour la diffusion restreinte, l'accès aux informations sensibles est généralement régulé par des politiques internes, sans nécessiter d'habilitations de sécurité formelles. Les organisations mettent en œuvre des contrôles d'accès spécifiques et des formations adaptées pour sensibiliser le personnel à la gestion de ces informations. Cela permet une certaine flexibilité tout en garantissant un niveau de protection approprié.
En revanche, le secret défense requiert des habilitations strictes, avec des enquêtes approfondies pour s'assurer de la fiabilité et de l'intégrité des individus accédant à des informations critiques. Les exigences en matière de cybersécurité sont nettement plus rigoureuses, incluant des systèmes de surveillance avancés, des protocoles de sécurité renforcés, ainsi que des audits de sécurité réguliers. Ce double mécanisme assure que seuls les individus ayant démontré leur capacité à gérer des informations sensibles peuvent y accéder, tout en maintenant les plus hauts standards de protection tant physiques que numériques.
Les différences entre la diffusion restreinte et le secret défense se manifestent aussi dans les mécanismes de contrôle de conformité et les sanctions qui en découlent en cas de manquement.
Pour la diffusion restreinte, les contrôles de conformité sont généralement moins rigoureux. Les organisations mettent en place des audits de sécurité internes pour s'assurer que les politiques de protection des informations sensibles sont respectées. En cas de violation, les conséquences peuvent varier, allant d'avertissements internes à des sanctions disciplinaires, selon la gravité de l'infraction. Cependant, ces sanctions ont tendance à être moins sévères et peuvent souvent être gérées au sein de l'organisation sans implication des autorités judiciaires.
En revanche, les manquements relatifs aux informations classées sous le secret défense entraînent des répercussions bien plus graves.
Prenons l’affaire Snowden3, qui s’est déroulée il y a quelques années aux Etats-Unis : en 2013, Edward Snowden, employé de la NSA, a divulgué des informations classifiées sur le programme PRISM, qui permettait l'accès aux communications en ligne de millions d'utilisateurs à travers le monde. Ces documents, classés sous des niveaux de sécurité "Top Secret" (l’équivalent de « secret défense » aux USA), révélaient que la NSA recueillait des informations sur les citoyens américains et étrangers sans leur consentement explicite, soulevant des inquiétudes majeures sur la violation des droits civils et de la vie privée.
Cette fuite de données a provoqué un scandale international, engendrant des tensions diplomatiques entre les États-Unis et plusieurs de leurs alliés, tout en fragilisant la perception publique de la sécurité nationale américaine. Snowden, en révélant ces informations secrètes, a enfreint les lois sur la protection des informations classifiées, et a depuis été accusé d'espionnage et de vol de biens du gouvernement. Son exil en Russie, où il a obtenu l'asile politique, montre aussi l'ampleur des répercussions qu'un acte de cette nature peut avoir sur la vie de l'individu et la sécurité nationale d'une grande puissance mondiale. Si Snowden revenait aux États-Unis, il risquerait plusieurs décennies de prison pour ses actes, démontrant ainsi la sévérité des sanctions pour des violations du secret défense.
En France, la divulgation d'informations classées sous le secret défense peut entraîner une peine allant de 3 à 30 ans de réclusion criminelle, et une amende comprise entre 45 000 et 450 000€. 4
Tableau comparatif : diffusion restreinte et secret défense : quelles différences ?
DIFFUSION RESTREINTE |
SECRET DÉFENSE |
|
DÉFINITION |
Protection d'informations sensibles, mais non vitales pour la sécurité nationale. |
Protection d'informations critiques pour la défense et la souveraineté de l'État. |
CADRE JURIDIQUE |
Code de la sécurité intérieure, lois générales sur la protection des données spécifiques à certains secteurs. |
Code de la défense et réglementations spécifiques, très strictes. |
NIVEAUX DE CLASSIFICATION |
Généralement un seul niveau. |
Plusieurs niveaux (confidentiel défense, secret défense, très secret défense). |
DONNÉES CONCERNÉES |
Données internes sensibles, projets stratégiques, données personnelles protégées, informations industrielles non classifiées. |
Plans militaires, intelligence nationale, stratégies à long terme. |
ENTITÉS CONCERNÉES |
Entreprises privées, organisations publiques non liées à la défense, secteurs technologiques, industriels, administratifs. |
Ministère des Armées, agences de renseignement, entreprises travaillant pour la défense, gouvernement. |
ACCÈS AUX INFORMATIONS |
Contrôles d'accès internes, formations spécifiques. |
Habilitations strictes délivrées après enquêtes de sécurité approfondies. |
MESURES DE SÉCURITÉ |
Technologies de protection robustes standard, contrôles d'accès internes, audits réguliers. |
Exigences strictes pour la sécurité physique et numérique (contrôles d'accès renforcés, cryptographie, systèmes de surveillance, audits réguliers). |
CONSÉQUENCES D'UNE DIVULGATION |
Sanctions disciplinaires, administratives. |
Sanctions pénales lourdes pouvant aller jusqu'à la réclusion criminelle, atteinte à la sécurité nationale. |
L'adoption de solutions comme LockFiles et LockTransfer permet d'assurer une sécurité renforcée des données classifiées à travers le chiffrement.
Le coffre-fort de stockage sécurisé LockFiles permet de chiffrer les données au repos. Cela signifie que les fichiers stockés sur les serveurs ou dispositifs de stockage sont protégés par un cryptage robuste. Même si un cyberattaquant parvient à accéder physiquement aux dispositifs de stockage, les données restent illisibles sans la clef de déchiffrement appropriée.
La plateforme de partage sécurisée LockTransfer permet quant à elle de protéger les données en transit (c'est-à-dire lors de leur échange entre utilisateurs et serveurs). LockTransfer utilise des protocoles de sécurisation des communications comme TLS (Transport Layer Security). TLS chiffre les données pendant leur transit entre deux points, comme un navigateur et un serveur web, ou un utilisateur et un serveur de messagerie. Avec cette protection, les échanges de fichiers critiques restent sécurisés à chaque étape de leur transit.
LockTransfer offre également la possibilité de réceptionner des documents sensibles de façon chiffrée auprès de ses différentes parties prenantes. L’ensemble des projets nécessitant une protection particulière sont ainsi en sécurité.
La gestion des droits d'accès est un pilier de la sécurité des données classifiées. Avec le gestionnaire de mots de passe centralisés LockPass, les entreprises peuvent stocker, partager et gérer les accès de manière centralisée et sécurisée.
LockPass utilise des technologies de chiffrement pour protéger les mots de passe, garantissant qu'ils restent confidentiels et inaccessibles aux utilisateurs non autorisés. L'outil permet également de partager des identifiants avec d'autres utilisateurs de manière sécurisée, en maintenant un contrôle strict sur qui accède à quoi, à quel moment, et sous quelles conditions.
Ce type de gestion des mots de passe est indispensable pour les organisations manipulant des données classées en diffusion restreinte ou secret défense, car il permet de minimiser les risques liés à l'utilisation de mots de passe faibles ou mal sécurisés.
Comme évoqué plus haut, la gestion des données classées en diffusion restreinte ou relevant du secret défense nécessite des mécanismes de contrôle stricts. Dans ce contexte, la suite LockSelf offre une traçabilité avancée des actions effectuées sur ces données sensibles.
Ces solutions maintiennent un historique des actions réalisées sur les données, qu'il s'agisse de dépôts, de téléchargements, ou de transferts de fichiers classifiés. Cela permet aux entreprises de se conformer aux exigences de traçabilité imposées par les régulations en matière de protection des données sensibles, et notamment celles en lien avec le secret défense.
Par ailleurs, la suite LockSelf offre la possibilité de déclencher des alertes automatiques via son API en cas d’anomalies. Par exemple, un accès non autorisé à un fichier classé secret défense ou une tentative de transfert de données en dehors des heures prévues déclenchera immédiatement une alerte, permettant aux équipes de sécurité de réagir rapidement et efficacement.
Sources :
2 https://cyber.gouv.fr/instruction-generale-interministerielle-n1300
4https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCTA000006165357/