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Privacy by Design : 7 principes à intégrer dans une stratégie cyber

Rédigé par LockSelf | 13 août 2025

 

Trop souvent réduit à un simple impératif de conformité RGPD, le Privacy by Design peine encore à s’imposer dans la conception concrète des projets numériques. Pourtant, cette approche oblige à structurer chaque traitement de données dès l’amont, autour de la protection de la vie privée. Pensé comme un outil de pilotage pour les DSI et les chefs de projet, il permet de traduire les exigences juridiques du RGPD en arbitrages techniques et documentés. Découvrez les 7 principes fondateurs du Privacy by Design, et nos conseils pour les intégrer efficacement dans vos projets, sans compromettre l’agilité des équipes.

 

 

 

Privacy by Design : définition, origine et cadre RGPD

Privacy by Design : c'est quoi ?

 

Le Privacy by Design est une approche qui consiste à intégrer la protection des données personnelles dès la phase de conception d’un traitement. L’objectif est d’anticiper les risques pour la vie privée tout au long du cycle de vie des données, en structurant d’emblée les choix techniques et organisationnels autour des exigences de confidentialité.

Il a été formalisé dès les années 1990 par Ann Cavoukian, ancienne commissaire à la protection de la vie privée de l’Ontario, bien avant son inscription dans le droit européen.

 

L’objectif est de limiter la collecte, l’utilisation et la conservation des données personnelles au strict nécessaire, tout en garantissant une sécurité technique et organisationnelle adaptée. Cette logique s’inscrit dans une démarche plus large de Security by Design (approche consistant à intégrer la sécurité dès la conception des systèmes, en anticipant les risques techniques et organisationnels), en se focalisant spécifiquement sur la dimension « vie privée ». Il complète ainsi les principes de disponibilité et d’intégrité des systèmes, en renforçant la confidentialité et la maîtrise des données dès l’origine.

 

Un fondement réglementaire du RGPD

 

Depuis 2018, le Privacy by Design est devenu une exigence réglementaire en Europe à travers l’article 25 du RGPD1 , qui impose aux responsables de traitement d'intégrer la protection des données dès la conception.

Cette exigence s’articule étroitement avec :

  • La réalisation des analyses d’impact sur la vie privée (DPIA) pour les traitements à risque.
  • La minimisation des données collectées.
  • La documentation dans le registre des traitements.

 

Privacy by Design vs Privacy by Default : quelles différences ?

 

Deux approches complémentaires du RGPD

 

Souvent confondues, les notions de Privacy by Design et Privacy by Default ont des portées distinctes mais complémentaires.

  • Le Privacy by Design vise à intégrer la protection des données dans l’architecture même du système, avant tout traitement.

  • Le Privacy by Default impose que les paramètres par défaut soient les plus respectueux possible de la vie privée : données limitées, durée réduite de conservation, restrictions d’accès.


Prenons l’exemple d’une interface de création de compte. Le Privacy by Design interviendra sur l’architecture globale (chiffrement des données, journalisation, segmentation), tandis que le Privacy by Default garantira que les champs non obligatoires soient désactivés par défaut, ou que la géolocalisation ne soit pas activée sans consentement.

 

Pourquoi ces deux principes doivent coexister dans une stratégie cyber ?

 

La combinaison des deux approches permet de répondre à un double objectif : sécuriser les systèmes et respecter les droits fondamentaux des utilisateurs. Les protections mises en œuvre au niveau technique doivent être renforcées par des choix de configuration qui limitent par défaut les usages intrusifs. 

 

On observe cette complémentarité dans de nombreux outils d’entreprise : plateformes RH, outils CRM ou portails client doivent à la fois embarquer des mesures techniques robustes et garantir une expérience conforme par défaut, sans que l’utilisateur ait à modifier manuellement ses préférences.

 

Privacy by Design : quels impacts pour les entreprises et les particuliers ?

 

Pour les particuliers : plus de contrôle, moins de risque

 

L'application du Privacy by Design transforme la manière dont les utilisateurs interagissent avec les services numériques. Lorsqu’un système est conçu en respectant ce principe, les interfaces sont pensées pour fournir une information claire sur les traitements effectués, les finalités poursuivies et les données collectées. Par exemple, un portail de gestion des préférences permet de visualiser et modifier les autorisations données, sans devoir contacter un service support. 

 

Cette transparence améliore la lisibilité des traitements, mais aussi l'exercice des droits prévus par le RGPD : un système bien conçu facilite l’accès aux données, leur rectification ou leur suppression, en automatisant ces processus plutôt que de les gérer manuellement.

 

Enfin, en réduisant la collecte de données superflues et en renforçant les protections techniques (chiffrement, cloisonnement, accès restreint), le Privacy by Design diminue mécaniquement la surface d’attaque. Moins de données stockées = réduction des risques cyber en cas de faille, et des conséquences plus limitées pour la personne concernée.

 

Pour les entreprises : conformité RGPD et renforcement cyber

 

Pour les organisations, le Privacy by Design agit comme un cadre de sécurité préventif. En intégrant dès la conception des projets des exigences comme la minimisation des données, la gestion des droits d’accès ou la traçabilité, les entreprises réduisent les écarts par rapport aux obligations du RGPD. Cela leur permet de justifier plus facilement leur conformité en cas de contrôle par la CNIL2 ou d’audit interne. 

 

Cette approche limite également les risques de fuites de données, souvent liées à des erreurs de configuration ou à des accès non contrôlés. Une architecture pensée pour restreindre les droits par défaut, journaliser les traitements et sécuriser les flux diminue le risque opérationnel.

 

Enfin, sur un plan plus stratégique, le Privacy by Design devient un levier de différenciation. Dans les appels d’offres, la capacité à démontrer une gestion rigoureuse des données personnelles renforce la crédibilité d’un fournisseur. C’est également un atout en matière de responsabilité sociétale, alors que les utilisateurs et les clients attendent des garanties fortes en matière de respect de la vie privée.

 

Quels sont les 7 principes du Privacy by Design ?

 

Le RGPD3 impose aux entreprises de respecter sept principes juridiques pour garantir un traitement responsable des données personnelles : la licéité, la limitation des finalités, la minimisation des données, l’exactitude, la limitation de la conservation, l’intégrité et la confidentialité, ainsi que la responsabilisation.

 

Ces obligations constituent un cadre de conformité, mais ne précisent pas comment intégrer concrètement la protection des données dans la conception des systèmes. 

 

C’est là qu’intervient le Privacy by Design de Cavoukian : il décline ces exigences réglementaires en sept principes d’architecture, conçus pour guider la conception technique, organisationnelle et éthique des traitements. Appliqués en amont des projets, ces principes permettent de bâtir des systèmes à la fois conformes, robustes et respectueux de la vie privée.

 

1. Être proactif, pas réactif

 

Le premier principe impose de ne pas attendre qu’un incident survienne pour se préoccuper de la protection des données. Il s’agit de poser des garde-fous dès les premières intentions métiers. 

 

Par exemple, lors de la conception d’un portail RH destiné à gérer des données sensibles, la réflexion sur les traitements, les durées de conservation et les droits d’accès doit précéder toute décision technique. 

 

2. Protection par défaut (Privacy by Default)

 

Comme rapidement évoqué plus haut, ce principe impose que la configuration initiale d’un système soit la plus protectrice possible. Autrement dit, si l’utilisateur ne modifie aucun paramètre, sa vie privée reste respectée.

 

Dans les faits, cela signifie une collecte réduite aux données strictement nécessaires, une durée de conservation limitée par défaut, et des finalités clairement définies. Côté technique, les champs facultatifs doivent être désactivés par défaut, les cookies non essentiels bloqués sans consentement, et les partages de données restreints dès la première configuration.

 

3. Intégration de la protection de la vie privée dans la conception

 

La protection des données doit être intégrée dès la conception de l’architecture logicielle et du système d’information.

 

Cela implique de faire des choix techniques structurants : recours au chiffrement natif, pseudonymisation des identifiants, cloisonnement des environnements de production et de test, définition fine des rôles et droits d’accès. Le Privacy by Design devient ici un critère d’architecture, au même titre que la performance ou l’évolutivité.

 

4. Une protection intégrale pour une sécurité sans compromis

 

Un système respectueux de la vie privée ne doit pas sacrifier la sécurité ni la performance. L’enjeu est d’assurer une protection robuste tout en conservant une bonne ergonomie utilisateur.

 

Par exemple, une authentification par Single-Sign-On + MFA permet de renforcer les accès tout en réduisant la friction pour l’utilisateur. De même, des outils de gestion des droits bien intégrés évitent les contournements tout en offrant une expérience fluide. L’objectif est de construire des solutions sécurisées et utilisables facilement.

 

 

5. Protection du cycle de vie complet des données

 

Les données doivent être protégées à chaque étape de leur existence : de leur collecte jusqu’à leur suppression. Ce principe suppose une approche globale et documentée du cycle de vie des données.

 

Concrètement, cela implique : la sécurisation de la collecte (https, consentement explicite), le stockage chiffré, la gestion des accès pendant l’exploitation, une politique de purge régulière des données obsolètes, et l’effacement sécurisé lors de la fin de vie des traitements. Chaque phase doit être maîtrisée, auditable et conforme.

 

6. Visibilité et transparence

 

Les utilisateurs doivent pouvoir comprendre clairement quelles données sont collectées, à quelles fins, et comment elles sont traitées. Ce principe repose sur la transparence des traitements.

 

Cela se traduit par des interfaces lisibles (paramétrage des cookies, gestion des préférences), des politiques de confidentialité détaillées et accessibles, des notifications en cas de changement dans les traitements, et la mise à disposition de portails RGPD où l’utilisateur peut exercer ses droits.

 

7. Priorité à la vie privée de l'utilisateur

 

Ce dernier principe dépasse la technique pour toucher à l’éthique. Il s’agit de faire primer les intérêts des utilisateurs dans les arbitrages métiers ou technologiques, même lorsqu’ils ne sont pas explicitement requis par la loi.

 

Par exemple, une entreprise peut choisir de ne pas revendre des données de navigation anonymisées, même si cela est légalement possible, pour respecter l’intention initiale des utilisateurs. Elle peut également privilégier une solution locale comme un cloud souverain plutôt qu’un cloud extraterritoriale, pour des raisons de souveraineté numérique

 

Comment mettre en oeuvre le Privacy by Design en entreprise ?

 

Étape 1 : cadrer les projets dès l'amont avec le DPO et la DSI

 

L’intégration du Privacy by Design ne peut se limiter à des correctifs tardifs. Elle doit être structurée dès la genèse des projets, au moment où les choix techniques, fonctionnels et juridiques s’esquissent. Cela suppose une coordination étroite entre les parties prenantes : direction des systèmes d’information, RSSI, DPO, mais aussi les directions métiers à l’initiative des traitements.

 

 

Ce cadrage initial repose sur trois piliers :

  • L’intégration des enjeux de protection des données dans le cahier des charges, au même titre que les exigences de performance ou de budget. Il s’agit d’identifier les données personnelles concernées, d’évaluer leur sensibilité, et de déterminer les mesures de protection à prévoir.

  • La réalisation d’une analyse d’impact sur la vie privée (DPIA) dès qu’un traitement présente un risque élevé pour les droits et libertés. Cette démarche permet d’anticiper les dérives potentielles, de réduire les risques à la source, et de documenter la conformité du projet.

  • L’élaboration d’une grille de conformité RGPD, associée à une documentation projet. Cette grille facilite le suivi des exigences tout au long du cycle de développement, et permet un dialogue régulier entre équipes techniques, juridiques et métiers.

 

Cette étape de cadrage est stratégique : c’est à ce moment-là que s’ancre ou se perd l’approche Privacy by Design.

 

Étape 2 : sécuriser l'environnement technique et les données

 

Après le cadrage initial, les exigences identifiées doivent être traduites dans les spécifications techniques du projet. Il ne s’agit pas d’ajouter des contrôles de sécurité à la marge, mais d’intégrer la protection des données dans l’architecture même du système.

 

Cette étape mobilise les équipes infrastructure, cybersécurité et développement, pour définir les modalités de chiffrement, de gestion des accès, de traçabilité ou de supervision. Les solutions à mettre en œuvre seront choisies en fonction de la nature des traitements, de la sensibilité des données et des contraintes propres à l’environnement de l’entreprise.

 

L’objectif est d’aboutir à une conception technique où la sécurité et la conformité sont présentes dès l’origine, sans surcharger le projet ni ralentir les cycles de développement.

 

Étape 3 : sensibiliser les utilisateurs et structurer la gouvernance

 

Aucun système ne peut garantir une protection des données durable sans l’adhésion des équipes. La mise en œuvre du Privacy by Design repose également sur un travail de culture et de gouvernance.

Cela commence par la formation des collaborateurs, à la fois sur les fondamentaux du RGPD et sur les bonnes pratiques cyber. Comprendre pourquoi certaines données ne doivent pas être collectées, pourquoi un traitement nécessite une base légale, ou pourquoi un accès est restreint, conditionne l’efficacité globale du dispositif.

 

La gouvernance doit être structurée autour de référents identifiés : un comité projet dédié peut être mis en place pour les projets sensibles, avec des revues de conformité périodiques. La désignation de référents data dans les équipes permet aussi de relayer les bonnes pratiques et de faire remonter les alertes.

Enfin, le registre des traitements doit être maintenu à jour et aligné avec les évolutions techniques et métiers. Il ne s’agit pas d’un simple document administratif, mais d’un outil opérationnel pour piloter les risques, prioriser les actions et démontrer la conformité à tout moment.

 

Quelles mesures techniques pour appliquer le Privacy by Design en entreprise ?

 

Sécuriser les données dès la conception : chiffrement, cloisonnement, traçabilité

 

Dès les premières phases d’un projet, la manière dont les données seront protégées doit être spécifiée, implémentée puis testée. 

 

Parmi les mesures à privilégier :

  • Le chiffrement des données au repos et en transit, à l’aide de standards reconnus comme AES-256 pour le stockage et TLS 1.3 pour les communications.

  • Le cloisonnement logique des environnements, avec une séparation stricte entre production, test et développement. Cette séparation réduit les risques d’accès non autorisé et empêche les erreurs de configuration de se propager.

  • La journalisation des événements critiques, indispensable pour assurer la traçabilité. Les logs doivent permettre de reconstituer les actions effectuées sur les données, tout en respectant les exigences du RGPD en matière de durée de conservation et de finalité.

 

L’usage de solutions SIEM, de pare-feux et de plates-formes de chiffrement contribue à structurer cette couche de sécurité de manière cohérente et contrôlable.

 

Appliquer le principe du moindre privilège via une gestion rigoureuse des accès

 

Un système bien conçu limite l’accès aux données selon les besoins stricts de chaque utilisateur. Le Privacy by Design exige de mettre en œuvre ce principe de moindre privilège à tous les niveaux : technique, organisationnel et fonctionnel.

 

Cela suppose :

  • Une gestion centralisée des identités et des accès, permettant d’attribuer les droits en fonction des rôles métiers, de gérer les cycles de vie des comptes, et d’automatiser la révocation des accès obsolètes.

  • Des modèles d’autorisations granulaires, comme RBAC (Role-Based Access Control) ou ABAC (Attribute-Based Access Control), qui permettent de paramétrer finement qui peut accéder à quoi, dans quel contexte et avec quelles restrictions.

  • Une supervision renforcée des comptes à privilèges. Ces comptes, souvent à l’origine des compromissions les plus graves, doivent être soumis à des restrictions spécifiques : sessions enregistrées, accès temporisés, authentification multifacteur.

 

Dans cette logique, le gestionnaire de mots de passe entreprise LockPass s’impose comme un outil adapté : il offre une gestion centralisée et sécurisée des identifiants basée sur les rôles, une authentification multifacteurs intégrée, une traçabilité complète des accès, et une infrastructure conforme aux exigences de souveraineté numérique.

 

Documenter les traitements et répondre aux obligations RGPD

 

L’efficacité du Privacy by Design repose aussi sur la capacité à démontrer que les traitements ont été conçus de manière conforme. Cela suppose une documentation rigoureuse, exploitable aussi bien par les opérationnels que par les auditeurs.

 

Parmi les documents à maintenir :

  • Le registre des traitements, conformément à l’article 30 du RGPD. Il doit être précis, mis à jour en continu, et utilisable comme base de pilotage.

  • Les analyses d’impact sur la vie privée (DPIA), qui doivent être conduites pour tout traitement à risque élevé, et conservées comme preuve de conformité.

  • La gestion des consentements, qui ne peut reposer sur des pop-ups symboliques. Les entreprises doivent s’équiper d’un CMP (Consent Management Platform) capable de tracer les choix des utilisateurs, de permettre leur modification, et d’en conserver l’historique.

  • Un portail utilisateur RGPD, accessible depuis les interfaces web ou mobiles, permettant à chaque personne concernée d’exercer ses droits : consultation des données, demande de rectification ou de suppression, export dans un format structuré.

 

Favoriser des solutions souveraines et auditables pour renforcer la transparence

 

La question du Privacy by Design ne peut être dissociée des choix d’architecture logicielle et d’hébergement. Dans un contexte où l’extraterritorialité juridique (notamment via le Cloud Act) complexifie la maîtrise des données, les entreprises doivent pouvoir auditer et maîtriser leur chaîne de traitement.

 

Trois leviers sont à privilégier :

  • Le recours à des solutions open source ou auditables, dont le code est vérifiable et dont les mécanismes de sécurité sont documentés.

  • L’hébergement souverain ou le recours à un cloud de confiance, notamment certifié SecNumCloud ou basé en France. Cela permet de limiter les obligations légales étrangères qui pourraient s’appliquer en cas de contentieux.

  • Le choix de fournisseurs français spécialisés dans la sécurité et la conformité, comme LockSelf. Avec ses solutions hébergées en France, sa transparence technique et sa certification CSPN ANSSI, l’ensemble de la suite LockSelf s’inscrit pleinement dans une stratégie Privacy by Design au niveau infrastructurel. 

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Sources : 

1 : https://www.privacy-regulation.eu/fr/25.htm

2 : https://www.cnil.fr/fr/comment-se-passe-un-controle-de-la-cnil

3 : https://www.cnil.fr/fr/reglement-europeen-protection-donnees