Blog - Lockself

Test d’intrusion : définition, méthodologie et types de tests

Rédigé par LockSelf | 22 août 2024

À l’heure où une cyberattaque réussie peut mener toute une organisation à la faillite, les professionnels ont bien compris qu’en matière de cybersécurité, investir dans la prévention et la protection est indispensable. Parmi les pratiques pour évaluer la robustesse d’un système informatique, le test d’intrusion, ou pentest, est couramment utilisé. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur les tests d’intrusion de sécurité informatique et leurs différentes méthodologies.

 

Qu'est-ce qu'un test d'intrusion informatique ?

Test d'intrusion : définition

 

Un test d'intrusion informatique, souvent désigné sous le terme de pentest (penetration testing), est un type de prestation complémentaire à un audit de cybersécurité. Son but premier est d'évaluer la résistance d'un système informatique, d'un réseau ou d'une application web face à des attaques potentielles.

 

Concrètement, il s'agit de simuler une intrusion en se mettant dans la peau d'un cyberattaquant, afin d'identifier les vulnérabilités exploitables. Ces tests peuvent être réalisés de manière automatisée à l'aide d'outils spécialisés ou manuellement par des experts en sécurité. 


Avant de procéder au test, une phase de reconnaissance est généralement effectuée pour collecter des informations sur la cible. Puis, les testeurs tentent de trouver des points d'entrée potentiels et de s’y infiltrer. Un rapport détaillé est ensuite généré, répertoriant les failles de sécurité découvertes et leur niveau de criticité. Cette cartographie permet aux organisations d’identifier leurs vulnérabilités et de mettre en place des mesures correctives pour renforcer leur sécurité informatique.

6 tests d'intrusion pour renforcer la cybersécurité en entreprise

 

1. Le test d'intrusion pour réseau externe

 

Un test d'intrusion externe, ou pentest externe, a pour but de renforcer la sécurité d’une entreprise contre les menaces provenant exclusivement de l'extérieur de son réseau. Dans ce scénario, le professionnel en charge du test, appelé pentesteur, endosse le rôle d'un cybercriminel potentiel. Son objectif est de mettre à l'épreuve les défenses d'un système, d'une application ou d'un logiciel en simulant une intrusion depuis l'extérieur du réseau de l'entreprise. Pour ce faire, le pentesteur utilise des adresses IP publiques, afin de reproduire au mieux les conditions d'une cyberattaque réelle. Les tests d'intrusion externes se concentrent principalement sur les services accessibles depuis internet, comme les sites web, les serveurs de messagerie et les points d'accès comme les VPN et les DMZ.

 

2. Le test d'intrusion pour réseau interne

 

À la différence du test d'intrusion externe, le test d'intrusion interne (ou internal pentest) se déroule à l'intérieur même du réseau de l'entreprise. Le pentesteur se met dans la peau d’un salarié, bénéficiant des mêmes accès et privilèges qu'un collaborateur lambda. Son objectif est d'identifier les éventuelles failles de sécurité présentes sur le réseau local ou sur les services hébergés en cloud privé. 

En se basant sur une simulation d'attaques internes telles que celles que pourraient initier des utilisateurs malveillants ou mécontents, le testeur cherche à déterminer jusqu'où un individu disposant de droits d'accès standard peut s'infiltrer dans le réseau et causer des dommages. 

À partir de son poste, l'auditeur tentera donc de progresser dans le SI, obtenant potentiellement des autorisations supérieures à celles qui lui sont initialement attribuées. Ce processus peut commencer par une simple élévation de privilèges sur son propre ordinateur pour ensuite accéder à d'autres machines, serveurs, ou données sensibles.

 

3. Le test d'intrusion SaaS

 

Une plateforme SaaS, ou Software as a Service, offre aux entreprises des logiciels et des services hébergés sur le cloud et accessibles via internet. Les plateformes SaaS sont donc entièrement hébergées sur des serveurs distants et gérées par des éditeurs tiers. Le test d'intrusion SaaS permet d'évaluer la sécurité de la plateforme et des données qu'elle contient.

Les tests d'intrusion SaaS sont proposés en tant que service par des fournisseurs tiers spécialisés en cybersécurité. Ils visent à identifier les vulnérabilités potentielles, en simulant des attaques comme l'injection de code, le contournement de l'authentification, ou l'exploitation de failles de configuration. Certains tests d’intrusions SaaS peuvent également inclure le facteur humain, en ciblant les éditeurs tiers par des techniques d’ingénierie sociale.

 

4. Le test d'intrusion cloud

 

Depuis 2020, au moins une violation du cloud a été subie par 79 % des entreprises qui stockent des données sur le cloud1. Un test d’intrusion cloud a pour objectif d’assurer la sécurité des données et des applications hébergées sur ce type d’environnement (SalesForce, Microsoft Azure, Amazon Web Services, Google Cloud...).

 

Le test d’intrusion cloud présente la particularité de simuler des cyberattaques provenant à la fois de réseaux internes et externes, pour mettre à l'épreuve la résistance des services cloud face aux menaces potentielles. En effet, l'utilisation d'une infrastructure cloud implique à la fois des accès internes, c'est-à-dire au sein même du cloud, et des accès externes, lorsque les services sont exposés sur internet. Lors d’un pentest sur le cloud, on cherche donc à identifier les points d'entrée potentiels accessibles depuis l'extérieur, puis à détecter les éventuelles failles de sécurité à l'intérieur même du cloud.

 

5. Le test d'intrusion loT pour objet connecté

 

Les tests d'intrusion IoT ont pour mission d’identifier les failles de sécurité potentielles sur l'écosystème des objets connectés (applications web, applications mobiles, serveurs, hardware, firmware…). Ils s’adressent à toutes sortes de dispositifs intelligents, comme les smartphones, les montres connectées, ou même les caméras de sécurité.

Le test d'intrusion IoT vise à identifier les vulnérabilités dans ces appareils, ainsi que dans les réseaux et les plateformes qui les connectent. Pour simuler des attaques, les pentesters utilisent des techniques comme l'exploitation de failles de sécurité dans les protocoles de communication, la prise de contrôle à distance des appareils, ou encore la collecte non autorisée de données.

 

6. Le test d'intrusion pour site web et application

 

L’objectif d’un test d’intrusion pour site web et application (pentest web) est d’évaluer la robustesse d’une plateforme web : serveurs, front/back offices, applications, webservices et API’s.

Ces tests peuvent être axés uniquement sur les aspects techniques ou inclure également des techniques d'ingénierie sociale. Les tests d’intrusion sur les serveurs web se concentrent spécifiquement sur les vulnérabilités liées à la configuration de l'infrastructure hébergeant les services, tandis que les tests d'intrusion sur la couche applicative mettent l'accent sur les failles logicielles courantes (injections SQL, problèmes d'authentification et de gestion de session, risques de Cross-Site Scripting...).
Ces évaluations comprennent également la recherche de failles logiques qui pourraient permettre de contourner le fonctionnement prévu de l'application.

 

 

 

Test d'intrusion : pourquoi est-ce indispensable en entreprise ?

 

La réalisation périodique de tests d’intrusion est recommandée pour identifier et résoudre les vulnérabilités avant qu'elles ne soient exploitées par des acteurs malveillants. Ces tests renforcent la cybersécurité en entreprise pour plusieurs raisons :

 

  • Détection des failles cachées : même les systèmes les mieux sécurisés peuvent contenir des vulnérabilités dissimulées. Les tests d’intrusion mettent en lumière ces failles en simulant des attaques réalistes, permettant aux équipes de sécurité d'agir rapidement pour les corriger. Alors qu’en 2022, 45% des entreprises mondiales ont subi une cyberattaque2, détecter les failles de sécurité avant d’être attaqué s’impose comme une nécessité !

  • Protection des données sensibles : les entreprises conservent souvent des données sensibles comme des informations client, des données financières... Un pentest permet d'identifier les failles qui pourraient compromettre la confidentialité de ces données, afin de mettre en place par la suite des mesures de protection adéquates.

  • Réduction des risques financiers : les violations de données peuvent entraîner des conséquences financières désastreuses pour une entreprise (amendes, litiges, pertes de clients, vol de propriété intellectuelle, nécessité de payer une rançon en cas de ransomware...). Les tests d’intrusion contribuent à minimiser ces risques en identifiant et en corrigeant les vulnérabilités avant qu'elles ne conduisent à une cyberattaque. Pour rappel, le coût moyen d'une violation de données dans le monde en 2023 s’élevait à 4,45 millions de dollars, soit une augmentation de 15 % en 3 ans.3

  • Mise en conformité : de nombreuses industries sont soumises à des réglementations strictes en matière de sécurité des données, comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD), ou encore la Directive NIS2, à laquelle il est urgent de se conformer. Les tests d’intrusion aident les entreprises à respecter ces normes et à éviter les sanctions potentielles en identifiant les failles de sécurité qui pourraient entraîner une non-conformité.

  • Renforcement de la confiance des parties prenantes : les clients et partenaires commerciaux sont de plus en plus préoccupés par la sécurité en ligne. En effet, une violation de sécurité peut gravement nuire à la réputation d'une entreprise, ce qui peut réduire la confiance des clients et partenaires, et potentiellement entraîner une perte de clientèle et de revenus. En réalisant des pentest réguliers, une entreprise affirme son engagement envers la cybersécurité, et rassure ses parties prenantes quant à la protection de leurs données. 

 

Quelles sont les méthodes de test d'intrusion ?

 

On distingue 3 principales méthodes de test d'intrusion : 

Le pentest boîte noire

 

Un pentest boîte noire, aussi appelé audit de sécurité black box, simule une attaque externe dans des conditions proches de celles d'un assaillant distant inconnu. Dans cette approche, les pentesters reçoivent très peu, voire aucune information sur la cible avant de commencer les tests. Ils ne connaissent généralement que le nom de l'organisation à attaquer, parfois accompagné d'une adresse IP ou d'une URL. Cette méthode permet une exploration libre, avant de prioriser les attaques en fonction des découvertes lors de la phase de reconnaissance. 


En optant pour cette approche, les pentesters apportent un regard neuf sur la cible, ce qui permet une évaluation plus objective des points d'entrée potentiels, évitant ainsi de se concentrer uniquement sur les aspects perçus comme critiques. De plus, un test d’intrusion boîte noire permet de mesurer la capacité de l'entreprise à détecter et à réagir à une attaque, sans préavis. Alors qu’on estime qu’en moyenne, les cybercriminels pourraient s’introduire dans 93% des réseaux des entreprises, l’audit de sécurité black box est une solution toute trouvée pour sécuriser les points d’entrée ! 4

 

Le pentest boîte blanche

 

Un pentest boîte blanche, ou audit de sécurité white box, se distingue de la méthode boîte noire par le niveau élevé d'informations partagées avec les pentesters avant l'audit. Dans cette approche, toutes les informations nécessaires au bon déroulement de l'évaluation sont transmises en toute transparence, y compris des documents d'architecture, des accès administrateurs à des serveurs ou même le code source. Contrairement à un test d'intrusion traditionnel, un pentest boîte blanche ne se place pas du point de vue d'un attaquant, mais plutôt d’un administrateur, en offrant une analyse cyber approfondie. Cette méthodologie permet de mettre en lumière des vulnérabilités qui pourraient ne pas être visibles lors d'un test d'intrusion classique, mais qui représentent néanmoins un risque pour la sécurité.

 

Le pentest boîte grise

 

Le pentest boîte grise, (audit de sécurité grey box) combine des éléments des approches boîte noire et boîte blanche. Les pentesters commencent leurs évaluations avec un certain niveau d'informations sur leur cible, telles que des détails sur son fonctionnement ou des comptes utilisateurs restreints. Cette connaissance préalable permet de réaliser des tests plus approfondis en ayant une meilleure compréhension du contexte. 

 

Contrairement à la méthode boîte noire où la surface d'attaque est large et non définie, un pentest boîte grise se concentre sur un périmètre défini, permettant de focaliser les tests sur des éléments déjà identifiés comme étant à risque. Cette approche offre la flexibilité de définir un scope précis pour les tests en fonction des priorités de l'entreprise, par exemple en se concentrant sur les éléments les plus récents mis en production ou sur des fonctionnalités particulièrement sensibles.


En simulant des attaques depuis des accès variés (clients, partenaires, visiteurs, collaborateurs…), le pentest boîte grise permet d'identifier les failles de sécurité de l'entreprise de manière ciblée.

 

Comment fonctionne un test d'intrusion ?

 

La méthodologie des tests d’intrusion s’articule généralement autour de 6 grandes étapes :

Étape 1 : planification et définition des objectifs

 

La première étape consiste à déterminer quels systèmes, réseaux et applications seront inclus dans le test. Les objectifs du test doivent être clairement définis, qu'il s'agisse de tester la résistance d'un système face à des attaques externes ou d'évaluer l'efficacité des mécanismes de défense internes. Ensuite, les techniques et outils appropriés pour mener à bien le test sont sélectionnés.

Étape 2 : collecte d'informations

 

La collecte d'informations est indispensable pour préparer l'attaque. Cela implique la recherche et l'exploitation de données publiques sur les employés, la structure de l'entreprise, les détails du réseau, etc. Ces informations sont ensuite utilisées pour identifier les vulnérabilités potentielles ou les points d'entrée exploitables.

 

Étape 3 : phase d'attaque

 

Au cours de cette phase, les pentesters tentent d'exploiter les vulnérabilités identifiées pour accéder au système ou au réseau cible. Cela peut impliquer diverses techniques comme l'injection de code, le détournement de session, le cross-site scripting (XSS), etc. Une fois à l'intérieur du système, l'objectif est d'accroître les privilèges pour obtenir un accès plus profond et plus contrôlant.

 

Étape 4 : maintien de l'accès

Après avoir compromis le système, les pentesters installent généralement un backdoor ou un autre type de logiciel malveillant pour maintenir l'accès. Ils simulent également la capacité à rester dans le système sur une longue période pour évaluer si la surveillance de sécurité détecte et réagit à l'activité inhabituelle.

Étape 5 : analyse et rapport

Toutes les actions réalisées et les résultats obtenus pendant le test sont enregistrés. Ensuite, un rapport détaillé est préparé, comprenant les vulnérabilités découvertes, les données exploitées, l'impact potentiel et des recommandations pour sécuriser le système.

 

Étape 6 : révision et correction

 

Basée sur les recommandations du rapport, l'entreprise corrige les failles de sécurité identifiées. Des tests additionnels sont parfois réalisés après les corrections pour s'assurer que les vulnérabilités ont été correctement traitées.

 

 

Comment s'équiper contre les cyberattaques et renforcer durablement la sécurité de son organisation?

 

Former le personnel aux bonnes pratiques cyber

 

La sensibilisation des employés à l'importance de la cybersécurité est indispensable pour réduire les risques d'attaques. En effet selon un rapport de 2022 de Verizon, 82% des failles de sécurité proviendraient d’une erreur humaine, via des identifiants volés ou encore du hameçonnage5.

Des sessions de formation régulières sur les bonnes pratiques en matière de sécurité informatique peuvent aider à prévenir les incidents liés à des erreurs humaines. Ces formations peuvent inclure des exercices de sensibilisation sur la détection des mails de phishing, la gestion des mots de passe, et les bonnes pratiques pour naviguer en toute sécurité sur le web.

 

Utiliser des outils spécialisés pour se protéger des cybermenaces

 

En plus de la formation du personnel, l'utilisation d'outils spécialisés en cybersécurité peut renforcer la protection de l'entreprise. Des solutions comme les pare-feu, les EDR  et les systèmes de prévention des logiciels malveillants peuvent aider à détecter et à bloquer les attaques avant qu'elles ne causent des dommages. Ces outils peuvent être mis en place pour surveiller en temps réel le trafic réseau, analyser les comportements suspects des utilisateurs, et protéger les données sensibles contre les menaces externes.


 

Vous l’aurez compris, il est indispensable de réaliser des tests d'intrusion régulièrement pour détecter les vulnérabilités et les failles potentielles dans les systèmes informatiques, les réseaux et les applications d'une entreprise. Cependant, il est tout aussi important d'aller au-delà de cette première étape en réalisant des audits de sécurité complets. Ces derniers fournissent en effet une évaluation approfondie de la posture de sécurité de l'entreprise en examinant ses politiques, ses procédures et ses systèmes. En combinant les deux approches, les organisations peuvent non seulement identifier les faiblesses actuelles, mais aussi mettre en place des mesures pour renforcer leur sécurité et se prémunir contre les menaces futures.

 


Sources : 

1 https://www.ninjaone.com/fr/blog/7-statistiques-sur-la-cybersecurite-que-chaque-pme-et-msp-doit-connaitre/

 

2 https://www.opinion-way.com/fr/mediatheque/presse/cp-cesin-8eme-edition-du-barometre-annuel-du-cesin-janvier.html

 

3 https://www.ibm.com/fr-fr/reports/data-breach

 

4 https://www.kiteworks.com/fr/gestion-des-risques-lies-a-la-cybersecurite/115-chiffres-sur-la-cybersecurite-en-2022/


5 https://www.netexplorer.fr/blog/cyberattaque-facteur-humain-responsable-de-80-des-cas/